Dopamine Détox – pourquoi j’ai arrêté les réseaux sociaux

Il y a quelques mois, je me suis surpris à traîner de la pantoufle (de la gauche ou de la droite ? Là n’est pas la question). Concrètement, je passais plus de temps à pianoter sur mon portable, et beaucoup moins à travailler sur mon clavier.

Au début, je me suis dit que j’avais une baisse de motivation, que je faisais peut-être trop de sport et que, par effet boule de neige, la fatigue corporelle entraînait la fatigue psychologique. J’accusais également la situation mondiale de me miner le moral − ce qui était en partie vrai. La guerre sanitaire causée par le COVID, celle en Ukraine ou encore celle contre le réchauffement climatique… Trop de batailles pour que le mental en ressorte indemne.

Plusieurs semaines se sont écoulées, et cette manie de glandouiller a persisté. Pire même, je me suis mis à procrastiner de plus en plus, à manger de plus en plus gras, et aussi, à être de plus en plus agressif. Concrètement, en dépit de tous les conseils en développement personnel que j’avais pu écrire, j’avais la sensation que ma vie m’échappait. Je pouvais me dire que tout allait bien, que je faisais le boulot de mes rêves, que j’avais la santé, la famille, la situation idéale… Il y avait un malaise quelque part. J’avais l’impression que plus rien n’avait de sens, et je ne savais pas comment résoudre ce sentiment.

Alors, quel était le problème ?

Un jour, alors que je traînassais sur YouTube, je suis tombé sur une vidéo dont le titre commençait par « Dopamine Détox ». J’ai froncé les sourcils, me demandant quelle était donc cette nouvelle tendance douteuse. C’est par pure curiosité que j’ai cliqué sur la vignette − et aussi parce que j’estimais que j’avais du temps à perdre (ce qui n’était pas vraiment le cas). Donc, dans cette vidéo, un jeune américain expliquait qu’il se sentait déconnecté de sa vie, qu’il était frustré à longueur de journée et qu’il manquait de motivation.

Bref, je me suis totalement retrouvé dans ses paroles.

C’est après avoir exposé ses difficultés que le youtubeur a évoqué la molécule du plaisir, la dopamine, et a expliqué son fonctionnement. Pour faire simple, quand nous répondons à l’un des besoins nécessaires à notre survie, de la dopamine est libérée dans notre cerveau pour nous nous procurer du plaisir et nous amener à reproduire ce comportement.

Exemple : Manger répond à un besoin physiologique. À chaque fois que nous mangeons, de la dopamine est libérée dans notre cerveau, ce qui nous procure la sensation de plaisir − plaisir qui nous incite à manger de nouveau. C’est la même chose pour le sexe, le sommeil ou même le sport.

 

La dopamine créé le conditionnement. Manger du chocolat engendre la libération de dopamine > à la vue du chocolat, on ressent l’envie d’en manger de nouveau.

 

Je ne vais pas m’étaler davantage sur ce mécanisme, si vous voulez aller plus loin dans la compréhension du circuit de la récompense, j’ai écrit un livre sur le sujet (je vous invite d’ailleurs à y jeter un œil, sinon, à l’acheter 🙂 ).

Avec la répétition, tout ce qui conduit à la libération de dopamine (à la sensation de plaisir, donc) est susceptible d’entraîner une dépendance. C’est le cas de l’alcool, de la cigarette, de la cocaïne, des jeux d’argent, ou encore… des divertissements numériques !

le circuit de la récompense
Le circuit de la récompense – schéma non exhaustif (en rouge, la dopamine, neurotransmetteur du plaisir)

Vous voyez où je veux en venir, n’est-ce pas ?

Cette fameuse vidéo m’a fait comprendre que mon problème, c’était mon smartphone − et plus particulièrement, le rapport que j’entretenais avec (plus de 5 heures d’utilisation par jour). Notre portable est une véritable usine à shots de dopamine. Les applications modernes sont conçues pour agir directement sur notre système neurologique et nous rendre dépendants. À chaque fois que nous déverrouillons notre portable, c’est dans l’intention d’obtenir une bonne dose de plaisir instantané. Or, plus nous passons de temps sur notre téléphone, plus nous aurons tendance à le solliciter.

 

Notre portable surstimule notre système dopaminergique et rend notre cerveau accroc.

 

Mais ces apports artificiels et démesurés de dopamine engendrent bien d’autres problèmes que la simple dépendance, puisqu’ils agissent directement sur notre circuit neurologique, créaient des raccourcis et provoquent l’accoutumance. En clair : trop de dopamine conduit à l’impatience, la dépression, le manque de motivation, la procrastination et même à des difficultés de concentration.

La solution ?

Vous avez dit dopamine détox ?

Dans la deuxième partie de la vidéo, le youtubeur explique qu’il a fait une « dopamine détox ». Le concept est de réduire toutes les sources de dopamine pendant 30 jours, et ce, afin de changer notre rapport au plaisir instantané. Ce qui veut dire moins d’écrans, moins de sucre/gras, moins de musique, mois de distractions… Bref, c’est comme devenir un moine bouddhiste, mais en plein cœur d’une ville où tout vous appelle à remiser votre toge au placard.

Au début, j’étais sceptique. Qui plus est, le simple terme détox fait très marketing, et j’ai horreur de tout ce qui semble trop commercial. J’avais l’impression qu’on me vendait une méthode douteuse − un champoing pour chauves. Mais finalement, je me suis dit : et pourquoi pas ?

Le bilan ? Stupéfiant !

La dopamine détox fut une véritable renaissance. En arrêtant les écrans et en réduisant ma consommation de sucre/gras, je suis devenu beaucoup plus productif, plus patient, et nettement plus attentif au monde qui m’entoure. Sincèrement, je n’ai jamais été aussi heureux et épanoui depuis longtemps. Et pour cause, sans source d’hyperstimulation, j’ai réappris à apprécier les choses simples, à trouver le bonheur dans l’essentiel. Il m’est inconcevable de revenir en arrière après cette expérience. Ce fut une telle prise de conscience que j’ai effectué des milliers de recherches sur le sujet, et que j’en ai fait un livre documenté.

Aujourd’hui, malgré l’importance qu’ils ont pour mon activité, j’ai décidé d’arrêter définitivement les réseaux sociaux (vous comprenez pourquoi). De même, je limite l’utilisation de mon portable à 10 minutes par jour, je m’autorise un film par semaine, et je ne consulte plus du tous les grands médias. Et franchement, je me sens super bien !

Je réduis le sujet dopamine au minimum dans cet article.

Mais sachez qu’elle est la cause des plus grandes difficultés de notre siècle. La molécule du plaisir impacte toutes les sphères du développement personnel, et est également la principale responsable de notre négligence climatique. La dopamine est sujet à des milliers d’études, et si ses effets sont assez connus, on en parle encore trop peu (du moins en France).

 

Nantes, le 22/05/22

Valentin Auwercx

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