Auteur – Accepter la critique

Cher lecteur,

Aujourd’hui, je vais te parler des commentaires négatifs – de ceux d’un ciel noir sans étoiles. D’après moi, toutes les meilleures histoires ont leur part de critiques assassines. On ne peut pas nier le succès des livres de Stephen King, des Harry Potter, de 1984, du seigneur des anneaux et j’en passe… et pourtant, il y aura toujours des gens pour vous dire que ce sont les pires navets qu’ils ont déterrés de leur potager littéraire, et qu’ils ne comprennent pas l’engouement qu’ils suscitent. En fait, il serait même improbable qu’un livre soit assez parfait pour plaire à tous. Nous n’avons les mêmes goûts, pas le même vécu, pas les mêmes attentes, pas les mêmes exigences, pas les mêmes habitudes. Dire qu’un livre est parfait et meilleur que tous les autres, c’est comme affirmer qu’un homme peut-être au-dessus du reste du monde. Non, un livre ne peut pas être meilleur que les autres, puisqu’il est unique. À la rigueur, une édition différente d’un même ouvrage peut se classer, mais comme je l’ai déjà écrit : il n’y a pas de meilleur écrivain, il n’y a que des auteurs qui écrivent de manière plus ou moins universelle.

Ce qui veut dire que si un livre est mieux noté qu’un autre, c’est juste parce qu’il est plus souvent tombé dans les mains de son lecteur idéal. Offrez du Young Adult à une personne du troisième âge et elle ne manquera pas de souligner le manque de profondeur. La critique sur le fond est aussi simple que cela – la correspondance de l’auteur avec le lecteur. Pour ce qui est de la forme, il s’agit plus d’une question d’attente et d’exigence propre à chacun. L’orthographe, le style, la grammaire, la mise en page… le lecteur assidu aura ses habitudes, le correcteur ou le professeur aura ses exigences, et le feuilleteur occasionnel cherchera des repères pour poursuivre sa lecture. On ne peut pas plaire à tout le monde, parce qu’on ne peut pas écrire pour tout le monde. Accepter la critique, c’est prendre conscience que nous ne sommes pas universels, mais bel et bien singuliers.

Attention, cher lecteur. Je ne dis pas que la critique est toujours bonne. Comme le disait Philippe Néricault : la critique est aisée, mais l’art est difficile.

 

Il y a l’orthographe universelle et la notion de l’orthographe

 

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde ou détruire une œuvre est aussi facile que de cliquer sur un pouce rouge. Malheureusement, la littérature a ses haters, et rares sont les livres qui échappent aux commentaires de lecteurs en mal d’amour. Il n’est pas difficile de les reconnaître, bien souvent ils enfoncent votre livre dans la cuvette des toilettes, et tassent avec la brosse, avant de tirer la chasse pour bien évacuer leur aigreur. Leur critique n’est pas constructive et se contente de basher votre ouvrage. Des jours et des jours de travail réduits à un bref : « nul à chier, mon chien écrit mieux, et pourtant, il est aveugle ». Et encore, les pires inventeront des défauts à votre livre sans jamais citer un seul point positif. Les assassins du net vous égorgent comme si vous étiez leur pire ennemi, et pourtant, ils ne vous connaissent même pas…

Je dois avouer que le premier commentaire du genre que j’ai reçu a été une douche froide. Je me suis demandé : pourquoi ? C’est vrai, pourquoi tant de méchanceté ? Je veux dire, je ne suis déjà pas du genre à critiquer ouvertement, mais en plus, je n’ai mis qu’un seul commentaire négatif sur le NET de toute ma vie (et c’était légitime !). Alors comment des gens qui ne me connaissent même pas, à qui je n’ai rien fait et rien demandé, viennent-ils littéralement me déféquer sur la tête ?

Il a plusieurs réponses possibles : la jalousie, la compétition, le mal-être. Et c’est pour ça que je ne parviens pas à comprendre comment on peut massacrer le travail d’un auteur à travers un commentaire – parce que je ne suis dans aucune de ces trois cases. La seule émotion que je ressens face à ce genre de critique, c’est de la peine. Vraiment, j’ai de la peine pour cette personne. Ce que je me demande c’est : à quel point cette personne se sent mal pour venir poignarder un inconnu à 67 reprises ? À quel point est-ce que sa vie est pourrie pour qu’elle ait du temps à perdre en critiquant un livre ? Qu’est-ce que ça lui rapporte ? Se sent-elle mieux, après ? Non, sûrement pas. Moi je vais bien. Je n’en ai rien à faire de cette critique, il y en aura d’autres. Mais cette personne qui l’a postée, de toute évidence, elle a un problème avec elle-même. Et je la plains, oui, je la plains d’être ce qu’elle est. Ça doit vraiment être difficile de vivre en enfonçant la tête des autres pour essayer d’exister.

En clair, cher lecteur, tu l’auras compris. La critique, il faut apprendre à l’accepter pour ce qu’elle est. On ne peut pas plaire à tout le monde, et encore moins aux cons. Ce n’est pas pour autant qu’on écrit mal ou qu’on est médiocre. Il faut savoir saisir le bon grain du mauvais, s’améliorer en tant qu’auteur avec les critiques constructives, mais aussi en tant que personne avec celles qui ne le sont pas. Aussi, les meilleures critiques, celles rédigées avec le cœur, récompensent le travail des auteurs, et leur offre le plus intense des bonheurs. Si vous ne répandez que du fumier, vous n’obtiendrez que du fumier. Mais si vous semez la joie autour de vous, alors vous récolterez les plus belles des fleurs. Vous n’imaginez pas tout ce qu’un auteur heureux est capable d’écrire.

À bientôt cher lecteur, j’attends ta réponse à cette lettre avec impatience.

Prends soin de toi !

Nantes, Le 13 mars 2021,

Cordialement,

Valentin Auwercx

3 réflexions au sujet de « Auteur – Accepter la critique »

  1. Eh bien moi, j’ai adoré lire tes romans, et je suis assez bluffé par la fluidité de ta plume; je les lis sur kindle et j’attends le prochain avec impatience; continue comme çà à me régaler, à me distraire, à m’apporter de l’émotion, et bravo !

    1. Hey !
      Merci pour ton commentaire Thomas. Ca donne du ressort à mon petit cœur d’auteur. Ce genre de retour donne vraiment envie de poursuivre. Je te souhaite une excellente journée. À bientôt !

  2. Je suis sur liseuse et j’en profite pour dire qu’au charme du toucher et des senteurs du papier, j’affectionne la légèreté et la luminosité douce de ma liseuse. C’est important car depuis cet instrument, je m’autorise à surligner des phrases ou paragraphes qui m’émeuvent. Parfois, je les relis et continue de philosopher même loin dans l’après-coup. J’ai eu la chance de vivre ces p’tits bonheurs égoïstes avec votre livre « La sentence d’Attica ». Ceci a fait écho à d’autres lectures d’auteurs peu connus et sur des approches fort différentes de la votre sur les thèmes abordés. J’ai bien envie de vous demander si vous avez déjà lu « Le programme » de Sophie Dussault ou encore « La ligne blanche » ou « Et l’homme créa le monstre » de Grégoire Carpentier (des livres d’une même série), et bien d’autres encore. Il n’y a aucune ressemblance, sauf l’importance des thèmes abordés sans dramaturge, sans faux-semblant, avec suspens intense, des pointes d’humour, subtilité et figures d’attachement.
    J’ai beaucoup aimé votre style d’écriture fine, très respectueuse de la liberté des projections du lecteur en faisant des descriptions bien dosées (jamais trop appuyées), vos effets de rappel presque inconscients aux lecteurs évitant répétitions et lourdeurs alors qu’il fallait tout de même remettre en lumière des indices de l’intrigante aventure philosophique et psychologique.
    Bon, moi j’écris mal un simple commentaire (phrases à rallonge, Lacan pourrait me jalouser !) mais cela ne fait que trahir mon esprit faible qui n’a pas l’art de la synthèse pour bien vous rendre compte du « Ô combien » j’ai aimé votre livre.
    Je vous souhaite de pouvoir rencontrer, au réel ou même à distance (chacun dans sa « cellule ») des auteurs comme ceux mentionnés, sincèrement. Vous méritez tous ce genre de belles rencontres !
    Merci pour votre travail soigné et très respectueux du lecteur. Ben oui, il y a des auteurs où tout est explicite… je n’aime pas ça, c’est grossier, formaté et j’ai alors l’impression d’être abordée comme une écervelée incapable de comprendre ce qu’elle lit ou d’établir les liens entre ce qui n’est pas écrit mais suscité ou suggéré à réflexion. Alors merci aussi pour ceci.

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